Auteur-Photographe Declic Photography
Beaucoup pensent que le regard photographique est un "soft skill" avec lequel on naît. "On tient ça de ses parents, eux-mêmes artistes", "c'est facile pour lui, il est doué", "avec le matos qu'il a, c'est plus facile". Par cet article, je vous partage que c'est faux. Auteur-photographe est un métier qui grandit en soi, à force de travailler son empathie et d'expérimenter les techniques. J’espère vous en tirer de petits conseils et que votre regard sur ce métier changera.
* Un métier à haut risque.
En Belgique, ils ne sont qu'une poignée à vivre de leur art. Passionnés et jusqu'au-boutistes, les auteurs-photographes s'accrochent.
Électricien haute-tension ? Dessinateur/illustrateur BD ? Auto-entrepreneur ? Freelancer ? Et si parmi les métiers à risque, on épinglait aussi celui d'auteur-photographe indépendant : entre manque de financement à répétition, multitasking et statut précaire, ils sont peu à tenir la distance sur le long terme.
Pourtant, au-delà de leurs expériences difficiles, on sent chez ces auteurs une passion sans faille, une détermination faite de choix, de renoncements à d'autres opportunités et une capacité de résilience très élevée.
En Belgique, je remarque l'étonnant contraste qui existe entre le rêve véhiculé par la notoriété et les difficultés que rencontrent ces photographes au quotidien. Ce monde semble tellement beau et prestigieux. Je suis convaincu que tous ces passionnés devraient pouvoir parler des difficultés qu'ils rencontrent au quotidien, de leurs statuts et autres.
* Un long parcours de vie.
Quand on parle d'auteur-photographe, on imagine de suite les beaux tirages photo, les expositions, les rencontres, de beaux bureaux, un studio photo super bien équipé, des déplacements dans des lieux insolites et des shootings de rêve.
En réalité, c'est vraiment très long et aussi très solitaire comme métier. Des heures sans compter devant mon Mobile Studio Pro Wacom et l'immense écran de 27" BenQ, des années à améliorer les techniques de prise de vue avec mes appareils photo Fujifilm.
Les expositions photo sont parfois une aide. Elles permettent de se lancer puis de tenir un an ou deux maximum sur la reconnaissance auprès du grand public.
Les tirages et les auto-éditions sont extrêmement chers, même celles qui sont estimées comme réussies.
Les autres facettes du métier sont :
les idées de projets
la recherche de fonds
le suivi de production
le volet commercial
la construction du projet
les relations avec les organisateurs d'évènements
les tirages photo et auto-édition
Toutes ces aspects sont condensés à l'échelle d'un seul individu. C'est vraiment dingue.
* Histoire de vie, oui, mais...
On n'aime pas utiliser le mot obstacle pour évoquer le quotidien, mais plutôt passion, liberté de création, opportunités, rencontres avec de vrais gens.
Le rythme des médias sociaux et l'obligation de publier un grand nombre de portraits ne sont pas compatibles avec la réalité du parcours d'un auteur-photographe ni avec ses moyens financiers limités.
Quand on refuse de rentrer dans cette frénésie de publication, il faut trouver d'autres manières d'exister auprès des publics de fans.
Pour construire durant plusieurs années ces collections de portraits, j'ai tissé des liens profonds avec des participants aux événements organisés en Belgique, en France, au Pays-bas, au Grand-Duché du Luxembourg.
Je suis convaincu du potentiel de ces rencontres de proximité et de l'importance de faire connaître mes projets proches de Gembloux et Bruxelles.
Présenter une exposition photo aux events est un poste très coûteux. Depuis quelques années, j'ai décidé de ne plus suivre ce rythme imposé par le société de consommation.
J'ai la "chance" de ne pas dépendre financièrement de cette activité, ce qui me garantit une liberté dans les projets que j'entreprends. Une liberté de dire non aux projets qui ne me parlent pas et qui sont loin de mes objectifs.
* De nouvelles pistes
Il y a quelques années, j'ai fait le choix de diversifier mes canaux de publication : exposition photo, podcast, website.
Depuis le lancement de mon activité Declic Photography j'ai toujours mis l'accent sur l'humain, les personnes avec une histoire, une passion à présenter ; de prendre le temps de connaître le partenaire du projet avec un regard d'empathie extrême sur sa passion.
Cet engagement pour chaque projet, pour chaque rencontre demande un investissement. Il est difficile de consacrer du temps pour arriver au niveau d'exigence qui est le mien. J’aime atteindre mon objectif tout en gardant à l'esprit que le partage d'expérience est une clef essentielle du projet.
Grâce à ce temps consacré, j'expose chaque année une galerie des portraits remarquables lors d'événements et dans des lieux insolites, ce qui m'aide à tisser un réseau de contacts très qualitatifs.
Défenseur depuis toujours des artisans belges et d'ailleurs, je pose un regard admiratif, mais aussi réaliste sur leurs créations. Parmi ces rencontres, peu ont le talent de se mettre en lumière comme sait le faire le photographe de composition que je suis. Pourtant je reste convaincu de la qualité du travail rendu et c'est souvent pourquoi je m’emploie à les mettre en avant, par des compositions photo, avec des interviews audio de leurs parcours et façons de travailler.
Mon website est un réel journal de bord, il est carrément devenu mon média de communication principal et complet. J’y diffuse mes projets, des interviews audio, des billets sur la photographie d'auteur, les difficultés rencontrées, les expositions, les prestations de service que je propose pour financer mes prochaines expositions photographiques.
* Grandir pour survivre
Internet donne l'impression qu'en deux clics, on peut comprendre une galerie de portraits. Or, ce n'est qu'en essayant de les produire qu’on s'aperçoit de tout l'investissement qu'il faudrait donner pour atteindre un résultat de qualité.
Aujourd'hui, les passionnés comme moi sont de plus en plus nombreux, mais mon style et mon parcours tendent à disparaître pour laisser place à une inondation d'images sans construction.
Au bout de quelques années, si l'on reste trop petit, on finit par s'épuiser et ne plus être libre de concrétiser des projets qui nous touchent.
En l'absence de cette reconnaissance obligatoire, beaucoup d'auteurs-photographes prennent la décision d'arrêter leur propre production, travaillant alors pour des commandes de prestation de service ou développant des projets alternatifs loin de leur style, pour plaire à un public plus large.
Lors de mes rencontres avec d'autres photographes, j'ai pu comprendre que les rares auteurs-photographes qui s'en sortent sont ceux qui ont renoncé à suivre le rythme imposé par ce secteur qui ne fait aucun cadeau et qui ont trouvé leur place en dehors du système.
Mais je garde les pieds sur terre, les moyens de financement pour les auteurs-photographes sont très limités.
Pour ma part, pour que je puisse survivre et continuer à produire des collections, il faut que je grandisse, que je trouve de nouvelles pistes de financement, que je m'associe avec des collaborateurs. La passion est communicative comme vous le savez et en vous associant à moi, vous développerez une certaine expérience dans votre parcours de professionnel. Je suis souvent en recherche d'un(e) associé(e) ou d'un(e) collaborateur. Si nous arrivons à mettre nos expériences complémentaires en commun, j'ai l'intime conviction que ce sera très enrichissant pour nous deux. Pour en savoir plus, partageons un moment pour en parler de vive voix.
N'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de cet article sur instagram ou facebook au pseudo @declicphotography